Je ne m’attendais pas à cette évidence
Que la mort fût là et que ce soit une chance,
Que mon corps s’éteigne, que l’âme ne soit plus.
J’aspire au Néant, rejoins la Nature, vais nu
Découvrir l’immensité des poussières d’étoiles
En molécules éparpillées dans leur mer étale.
Je suis le Rien et le Tout, le Perdu, le Retrouvé.
L’épisode de ma vie, éclair fugace de vanité,
Reste seul connu par ceux qui m’ont aimé.
Et leurs mémoires, pleurant le souvenir de mon passé,
Brillent comme fils de soie striant les nuits d’été.
Pensé, je ne pense plus à mon bel amour.
Mes neurones sont à jamais décomposés.
Serons-nous mêlés de nouveau et toujours ?
Je le crois, j’y souris. Mais quoi, peu importe !
Le mystère du grand Univers qui nous emporte
Laisse au hasard le soin de nous retrouver,
Pour peu qu’encore nos atomes soient d’utilité.
S’aimant de nouveau, ranimant le brasier
Il leur faudra bien se croiser pour s’attirer.
Dans plusieurs millénaires en d’autres planisphères
Nous aurons des hommes une part née dans leur chair
Ou la sève de leurs pensées, troublant de nos mémoires
La candeur virginale de leur vie sans histoire.
Et le songe dont ils se souviennent sans l’avoir vu
Sera l’instant réel que nous avons vécu.
Je le crois, j’y souris. Mais quoi, peu importe
Mon amour, à cet instant ma personne est morte.
Août 2018