Je m’étais adossé à l’arbre d’un petit bois
Caressant d’un solide frêne l’écorce de mes doigts.
Les herbes hautes du vallon qui l’entouraient,
De la Nature cachaient mystères et secrets.
La vie, la mort, à tout instant en tout lieu,
Sans qu’on les vît survenaient, faisaient au mieux.
Dans les rayons du soleil, où l’on percevait
Un message d’amour pour qui l’entendait,
Une pâle forme féminine en surgit,
Venue on ne sait d’où, peut-être du Paradis.
Mirage d’une fleur irréelle glissant
Dans le vent, auréolée de cheveux d’argent,
Sa troublante beauté, lentement affolait
Mon cœur et ma raison. Tout mon esprit allait
Vers cette déraison sans rien y comprendre.
Il me fallait la toucher sans la surprendre.
Mon aplomb s’évapora tandis qu’elle dirigeait
Vers moi ses pas. L’espace immense se fermait,
Réduisant l’Univers à rien, le Monde à tout
Cet instant divin où se cherchent les mots doux.
Décidée, souriante elle gagnait en assurance,
La bouche sèche, penaud, je perdais ma confiance.
Je rageais, me disant que j’allais encore rater
L’occasion de lui parler, de l’impressionner.
Comme tout homme qui fanfaronne, en parlant
On pense donner le ton, devenir prince charmant.
Seul un faible son rauque trahit mon état.
L’entendit – elle ?
Oui …
Son regard s’éclaira
Révélant l’amandine opale de ses yeux.
Elle vint vers moi, figé d’un espoir merveilleux.
Je senti son souffle chaud porté dans un chant
Où les plus beaux soupirs d’amants mêlaient leur voix.
Ô mon âme, quel doux plaisir que ce moment
Ou le mystère précède le désarroi.
Où était-elle ?
Je me tournai, vis s’éloigner
Dans l’ombre des bois son image pâle, voilée
Par les feuilles perlant des gouttes de lumière,
Mirage diaphane devenu éphémère.
Je restai coi, sentant l’immense frustration
Venir amère tuer ma naissante passion.
Je voulus la rattraper, tendis mes bras lourds
Vers celle qui fut, quelques secondes, mon amour.
Ma main heurta la branche perlée de lumière
Qui traversa les cils fermés de mes paupières.
Je sentis le réel revenir au galop,
Enfin compris le rêve et retins un sanglot.
Septembre 2018
Comments