Sur les vertes campagnes et blondes plages
Sur les montagnes, depuis le fond des âges,
Se couche, dominant comme un amant brutal,
Le vent par douces caresses ou vives rafales.
Que dit-il aux arbres qui bordent les rivières
De tout ce qu’il a vu de la terre entière ?
Sur les eaux des lacs qu’il peigne en les ridant
Quand il est forte brise sans être ouragan,
Tombent avant l’heure de la fatale destinée
Les vertes feuilles de leurs branches arrachées.
Que leur mugit-il alors qu’il les emporte,
Encore jeunes et belles, de son fait déjà mortes?
Il soulève à peine fétus de pailles et poussières
Dans les chaudes et lourdes après-midi de juillet,
Mais déracine les arbres et leur vie centenaire
Quand il devient typhon aimant à tournoyer.
Sa voix minaude ou hurle, jamais ne s’égosille
Pour nous conter la Nature qu’il éparpille.
J’ai demandé aux fleuves bordés de haleurs,
Aux Océans dont il décide les humeurs,
Aux goélands qui sur les alizées s’appuient,
Aux peupliers, aux roseaux qui sans lui ne plient.
Tous m’ont dit sa fierté et aussi sa rage
De dominer ce monde que l’on saccage
Peu surpris, je leur demandai d’être plus précis
Connaissant l’Homme et les laideurs qu’il construit.
Regrettant les moulins à vents aux ailes anciennes
Il maudissait de voir tourner les éoliennes,
Honteux du sifflement lassant de leurs fers blancs.
L’Homme tire de la Nature son bonheur.
Pourquoi alors ces mochetés qui horripilent ?
Pourquoi clouter dans l’océan de nos belles îles
Le hérisson de ces piquets flanqués d’hélices
Qui tristement ne tournent qu’aux moments propices ?
Les busards et milans planant sur les vallées
Voient leur famille peu à peu décimée.
Pour la gente ailée, c’est un bien sombre destin
Qui l’attend, quand elle doit y frayer son chemin.
Je compris la colère du vent dans sa voix.
Des feuilles aux roseaux, des plaines vers les monts
Impétueux il nous partageait sa chanson,
Mais ce lourd crissement, il ne l’assumait pas.
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